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) I
See Myself
( Je me vois moi-même )
Huile
et technique mixte sur toile : 1992
Arthur
Rimbaud.
Composition du tableau :
Ce
second tableau est séparé en son milieu, par une ligne oblique. Cette ligne
permet de créer une frontière entre deux mondes quasiment semblable par
l’uniformité de la couleur, mais différents par le personnage représenté
et son double. De chaque coté du tableau, se trouve indiqué le titre de l’œuvre.
dès la première observation, on peut retrouver les techniques et la plupart
des thèmes que l’on pouvait trouver dans Shadow
Of A Twisted Hand Across My House, c’est à
dire une séparation franche entre deux mondes, une certaine quotidienneté (ici :
Lui et lui-même. Dans le premier : la maison « paisible » )
mais aussi l’utilisation de couleur sombre voir gris foncé dans cette deuxième
œuvre. Cependant si on retrouve beaucoup de point commun entre les deux œuvres ;
certains cotés de I See Myself diffèrent de Shadow
Of A Twisted Hand Across My House.
A
commencé par la séparation entre les deux mondes. Dans la première peinture
cette séparation apparaissait grâce à la disposition de deux touches diamétralement
différentes ; dans la seconde la séparation s’opère par une ligne à
la touche unique différant du reste du tableau. Cette même ligne de démarcation
se retrouve elle-même séparée en deux par un ajout blanc à la même hauteur
du personnage et de son double. On peut donc voir cette ligne comme la base
d’une sorte de miroir, réfléchissant la part sombre du personnage et non
comme une coupure nette entre un monde perturbé et les ténèbres. Enfin cette
séparation ne s’articule pas vraiment au milieu du tableau, laissant à la
partie droite du tableau une plus grande importance.
La
présence d’un personnage humaniforme et de son double était absent du
premier tableau bien qu’il présente déjà le thème de la dualité. Le
personnage et son double sont le centre d’intérêt de I
See Myself : les deux personnages sont de
forme semblable mais, différant complètement dans leurs traitements. Le
personnage tout d’abord, c’est à dire Le I
du titre ( ou peut être le Myself ) : Il est construit d’une façon très particulière.
Sa tête a été réalisée à partir de gaze médicale que le peintre a modifié
pour qu’il y ait une certaine ressemblance avec une tête de mort. Le reste du
corps, lui provient beaucoup plus d’une inspiration des dessins d’enfants.
Quant
au double : il est représenté de la même couleur que le fond du tableau,
ce qui permet de voir en lui, la part sombre du personnage mais et surtout la
part invisible du personnage. De plus, si le personnage est statique ; le
double lui est visiblement mobile. En effet près de la partie gauche du double,
l’artiste dispose un ensemble de touches de peinture se distinguant largement
du reste du tableau. L’effet ressentit, alors, par le spectateur s’apparente
beaucoup à l’effet de vitesse dessiné dans les bandes dessinées. Il est
aussi très intéressant de constater les ténèbres ont envahi les doubles :
si le double est sombre, le personnage lui est un squelette.
Là,
se trouve aussi le principal problème. Par l’effet de transparence, il est
facile de considérer le personnage de gauche, comme le double du personnage de
droite puisque celui ci est beaucoup plus visible. Pourtant le contraire peut être
possible : le double est le personnage, puisqu’il est vivant ( il est
mobile et n’a pas la tête de mort ) et le personnage est le double
puisqu’il est mort : Statique avec une tête de mort. David Lynch, montre
en fait la difficulté de cerner la personnalité d’un homme pour lui et son
entourage. Et montre alors la faible frontière qu’il peut y avoir entre la
raison et la folie : L’incapacité de se définir par telle ou telle
personne peut faire basculer un homme dans la Schizophrénie.
Enfin
la dualité se retrouve aussi dans le titre du tableau : I
See Myself et dans sa disposition dans l’œuvre.
Sur le coté droit : l’auteur, à comme pour son précédent tableau, découpé
un ensemble de lettres disposé de telle sorte que les spectateurs doivent lire
la tête penchée : Myself
I See. Sur le coté gauche, le peintre à répété
le même dispositif de telle sorte que l’on peut lire : I
See Myself. Le titre et son double
permettent aussi de voir dans leurs techniques de construction et de disposition
un rapport extrêmement fort avec le cinéma : Les lettres sont découpé,
comme le réalisateur découpe les scènes pour le montage et elles sont
aussi disposées de telle manière que le spectateur assimile bien vite la
peinture à un petit bout de pellicule de film.
Une
métamorphose évidente :
Par
l’observation attentive des deux œuvres choisies on peut donc voir une
certaine unité des thèmes : L’utilisation de couleurs sombre permettant
d’accroître la sensibilité de chaque spectateur, l’importance de
l’enfance grâce à l’utilisation de dessin « d’enfant »,
l’interaction de deux mondes pas si éloignés que cela, l’importance de la
mort, la quotidienneté et surtout le mélange entre l’inerte et
l’organique. Les peintures de David Lynch grâce en partie à ces différents
thèmes permettent de faire ressentir aux spectateurs des sensations rares dans
le monde de la peinture : la perte des repères spatiaux temporelle et
surtout une certaine angoisse venant aussi bien de cet insecte s’agitant dans
la direction d’une maisonnette que par la quasi-impossibilité de connaître
la véritable personnalité d’un personnage. A travers ces peintures, le
spectateur ne trouve pas les angoisses de son auteur mais véritablement ses
propres angoisses. Parallèlement à cette exploration de son inconscient et de
celui du spectateur, le peintre David Lynch montre son besoin de sortir du cadre
forcément limitatif de la peinture pour se consacrer à une toile beaucoup plus
grande et plus disposé à recevoir ses expérimentations : celle du Cinéma.
De la peinture au cinéma, une certaine unité