Int. Prison – cellule de Fred – nuit.

Fred est en boule sur le sol, des spasmes commencent à secouer son corps. Il est pris de véritables convulsions, du sang coule de ses narines, sa tête est toute gonflée. Il se retourne, tentant de se relever. Sa tête et ses traits sont hideusement déformés. Il porte ses mains tremblantes et torturées à son front. Comme sa main passe sur son visage, les traits de Fred disparaissent, ne laissant qu’un blanc vide.

 

Matière organique en décomposition.

 

Deux passages très intenses dans le film nous présentent des changements violents dans le corps des héros, sous forme de plans rapides et elliptiques. On y aperçoit une chaire en métamorphose, torturée. Connaissant la lecture de l’œuvre de Kafka par Lynch, La Métamorphose, cette influence nous semble expliquer en quelque sorte l’importance du thème de la transformation et du travail opéré par Lynch sur la matière du corps. En outre, cette référence semble confirmé par le lien entre l’insecte de Kafka et celui de Ombre d’une main tordue sur ma  maison.

 

 

 

On  pourrait caractériser les œuvres, picturales et filmiques, de Lynch d’organique. un processus de décomposition rend la matière vivante, tant dans le fond même des tableaux ( dégradé de couleurs, strates ), que dans ses éléments ( la main, la tache circulaire dans le coin de Ombre d’une main tordue sur ma maison ). Cette fois il faut noter l’influence de Francis Bacon ( illustration ci-contre ), admiré par Lynch, qui peint des formes torturées, difficilement identifiables, la chaire parfois à vif, comme dans les plans de transformation du film. Ici la possibilité du cinéma de mettre en mouvement permet de comprendre que Lynch y soit venu, car déjà ses peintures voulaient exprimer ce mouvement, et elles trouvent donc leur plus parfaite réalisation dans ses films.

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Cinq étapes d'une métamorphose