Ed Wood / Orson Welles
C’est la rencontre sublime du film, et la première entorse à la vie de Ed Wood . Pourtant, dès le départ celle ci était programmée.
Le générique de Ed Wood, est comme toujours dans les films de Tim Burton, détourné par l’auteur. La ligne bleue de la Paramount vire ici au gris. Le film commence comme Bride Of The Monster, c’est à dire avec un mage introduisant le film, une sorte de Bonimenteur de foire. C’est une technique très employée dans les séries B. notamment les films de Mario Bava, dont Burton est fan mais aussi bien évidemment dans les films d’Ed Wood. C’est aussi une technique hérité des introduction des contes de fées, l’une des influences majeures de Tim Burton. Suit ensuite, un long travelling introductif, qui est souvent une touche caractéristique des films de Tim Burton. Ce travelling survolant un jardin de broussaille, un cimetière et plusieurs « passages », n’est pas sans rappeler l’ouverture anthologique de Citizen Kane. Un Citizen Kane, ici de carton pattes, puisque tout les décors aperçut lors de cette introduction, sentent véritablement l’amateurisme. Ce carton pâte, qui envahira jusqu’aux célèbres panneaux indiquant la colline d’Hollywood. L’Hollywood qui nous sera donner de voir par Tim Burton, est en réalité un Hollywood de pacotille. On peut autant voir ceci comme la vampirisation « Woodesque » d’Hollywood, ( vampirisant la capitale du rêve jusqu’au monstre sacré : Orson Welles ) qu’une critique gentillette de l’état d’esprit Hollywoodien. Hollywood qui selon Tim Burton n’est justement qu’un état d’esprit. L’Hollywood représenté dans Ed Wood est étrangement épuré et souvent proche d’un Hollywood de studio. Les extérieurs sont illustrés par des murs lisses propres et extrêmement clair. L’intérieur est souvent perçut comme un décor, tel la séquence ou Ed Wood rencontre pour la seconde fois Katy O’Hara à l’hôpital. Au second plan, de nombreuses voitures passent derrière les fenêtres, sous forme de transparence. Cette omniprésence du décor montré comme tel dans le film, va bien évidemment dans le sens d’un Hollywood contaminé par la vision du cinéma d’Ed Wood. Et montre ainsi cette fameuse frontière délimitant le génie du grotesque. En filmant « comme » Ed Wood, Tim Burton montre malgré lui son génie. Le montage lui-même correspond à deux visions totalement antagonistes du cinéma américain. Le montage de Ed Wood est sans aucun doute le meilleur de la carrière de Tim Burton, il alterne fondu au noir et montage typé « série B . C’est à dire le balayage d’une image par la suivante. Cet effet est utilisé de deux manières différentes : en premier lieu on l’aperçoit pour la première fois comme une sorte de lever de rideau, puis comme un rideau qui se baisse. L’histoire mélancolique D’Ed Wood est aussi un spectacle qui s’ouvre et se referme à la faveur d’un lever de rideau et par la tombé du rideau. Dans un autre temps, le montage en balayage est utilisé comme tel. C’est à dire pour balayer un plan et en mettre un autre. Il est possible de voir dans ce balayage l’idée d’un cinéaste balayé par un autre. Ed Wood par Orson Welles par exemple. Suite à cette rencontre, le tournage de Plan Nine se termine et le film de Tim Burton passe à la toute fin du film : La première de Plan Nine From Outer Space. L’esthétique du film et la vision du monde perçut par Ed Wood, est dès lors contaminé par l’esthétique des films d’Orson Welles : Ces moments grandioses d’Ed Wood, sont en effet, tourné selon une vision proche du cinéma d’Orson Welles. Tim Burton utilise pratiquement tous les artifices utilisés par le maître : utilisation des grands angles, utilisation de la profondeur de champ, de forts contre plongé dévoilant un décor des plus gothique. Tout ceci, permet à Tim Burton de faire ce rencontrer deux visions du cinéma totalement opposé ; le grotesque des décors au sublime des mouvements de caméra.