Extension Du Domaine De La Lutte de Michel Houellebecq
Bon comme la plupart des œuvres artistiques que j’apprécie, l’extension m’a surtout touché sur le plan sensoriel. Le style en lui même est somme toute totalement d’une banalité extrême mais c’est paraît il aussi totalement voulut. C’est le non style comme y disent dans les journaux branchouilles style Don Quichotte. Pour le reste, c’est une sorte de gentil « seul contre tous » niveau esprit et plutôt sociologiquement dérangeant.
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"Décidément me disais je, dans nos sociétés, le sexe représente bel et bien un second système de différenciation, tout à fait indépendant que l'argent ; et il se comporte comme un système de différenciation au moins aussi impitoyable. Les effets de ces deux systèmes sont d'ailleurs strictement équivalents. Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l'amour tous les jours; d'autres cinq ou six fois dans leurs vie, ou jamais. certains font l'amour avec des dizaines de femmes; d'autres avec aucunes. c'est ce que l'on appelle la "loi du marché.
American Psycho de Brett Easton Ellis
le début semble avoir plus que tout influencé Fight Club, avec les descriptions des appareils hi-fi et des vêtements à la mode. J’adore une grosse partie du bouquin, mais on peut quand même dire sans trop se tromper que le début du livre est plus réussi que la dernière partie ( que j’ai même pas réussit à lire.. le principe est le même et les meurtres décrits sont franchement réserver aux psychopathes ). La première scène à la laverie est sûrement celle qui me plait le plus. Le premier meurtre est assez perturbant, dans le sens ou Brett Easton Ellis n’en fait pas plus cas que la manière dont Bateman s’attache une cravate. Un meurtre froid et calculer avec une extrême minutie. D’autre par, si un passage avait put être un peu plus court, c’est bien celle de la partouse. J’entre, je sors.. je lui met dans la bouche… elle la lèche deux pages plus loin y recommence… OK gars, on a compris. Pour le reste, il est évident que ce livre parut début 90 à été un putain de choc pour ces connards de yuppies. Une vie tout entière réservé à la culture de l’argent et de l’apparence fait perdre toute notion du Moi freudien. Avec cette surdose de médicaments, d’excitants et de drogue… il n’est donc pas étonnant que le personnage se déconnecte totalement. Le bouquin explique en tout cas très bien ce qui fait surtout qu’un mec peut apparaître dans une école en faisant un carton sur ces anciens collègues.
"Adapte-toi ou crève" Cette devise présente dans le roman de Bret Easton Ellis illustre à merveille le principe qui régit l'existence de Bateman et des siens : la loi de la jungle. Bateman a décidé de jouir sans entraves. Paradoxalement, il évolue dans un univers clos, une prison dont les barreaux dorés n'encerclent que des clones. On voit, par exemple, ces golden boys s'échanger leurs superbes cartes de visite sans qu'ils soient capables pour autant de se reconnaître les uns des autres. Ils ont le même coiffeur, les mêmes vêtements, les mêmes relations et se retrouvent dans les mêmes endroits. Dans cette indifférenciation et cette perte d'identité générales, Patrick Bateman est l'un des rares à avoir encore une "présence humaine" du fait même de sa monstruosité criminelle. En effet, cette fin de siècle et l'abominable millénaire qui se profile ne sont pas faits pour les innocents.
"L'Histoire est en train de sombrer, et seuls quelques rares individus semblent vaguement conscients de la sale tournure que prennent les choses" écrivait Ellis en 1991. Le nouveau monde qui est né de la tyrannie de la matière a évacué l'amour, l'amitié, la bonté d'âme, la pitié, l'espoir, la compassion, le remords. Ni Dieu, ni maître : que des esclaves, des victimes et des bourreaux. Le plus pathétique dans la destinée de Patrick Bateman, c'est que même lorsqu'il avoue ses crimes à la face du monde ; seule une indifférence légèrement excédée l'accueille. Du coup, sans châtiment, le crime disparaît. Malgré la confession, plus de rédemption possible. La réalité se dilue un peu plus encore sur la surface des choses ( Christian Authier du site internet : l’opinion indépendante.)
Nettoyage à sec : page 110 – 111 éditions Point.
« Ensuite,
je passe dix minutes à montrer les taches à la vieille petite chinoise qui,
probablement, dirige le pressing. Elle est même allée chercher son mari dans
l’arrière boutique, car je ne comprend pas un traître mot de ce qu’elle me
dit. Mais son mari demeure muet, ne se donne même pas la peine de traduire. La
vieille continue de jacasser, en chinois, je suppose, et je suis finalement
obligé de l’interrompre.
-
écoutez, attendez…. Je lève une main, le cigare entre mes doigts, la
veste Soprani posée sur mon bras. Vous me…. Cccchhht, attendez…. Cccchhht,
vous me donnez aucune excuse valable.
La chinoise
continue de couiner quelque chose, saisissant les manches de la veste dans son
poing minuscule. J’écarte son bras d’un geste et, me penche en avant , très
lentement, j’articule : Qu’est ce que vous essayez de me dire ?
Elle continue
de piailler, les yeux hors de la tête. Son époux étale devant lui les deux
draps qu’il a sortie du sac, couvert de sang sécher, et les contemple sans
mot dire.
-
la blanchir ? fais je. C’est ça, que vous voulez dire ? la
faire blanchir ? je secoue la tête incrédule. Blanchir ? Oh, mon
dieu….
Elle continue
de désigner les manches de la veste Soprani et quand, se détournant, elle voit
les deux draps derrière elle, le piaillement monte encore d’une octave.
-
Bien de deux chose, dis je, penché sur elle. De une, on ne blanchit pas
une veste Soprani. Hors de question. De deux – j’élève le ton,
me penche encore-, on ne trouve ces draps qu’à Santa Fe. Ce sont des
draps très chers, et j’ai vraiment besoin de les faire nettoyer…. Mais elle
continue de parler, et je hoche la tête comme si je comprenais son bavardage,
puis, avec un grand sourire, je me penche soudain, à lui toucher le visage :
Si-tu-ne-fermes-pas-ta-sale-gueule-je-te-tue-est-ce-que-tu-comprend-ça ? »