1
) La musique :
La
musique dans Shining est d'une importance considérable tout comme avant lui
celle de 2001 ou de Lolita et Orange Mécanique. Dès le générique la musique
angoissante annonce un film dès plus dérangeant. L'utilisation particulière
qu'en fait Kubrick fait aussi beaucoup penser à l'utilisation musicale de Dario
Argento pour ses différents films dont l'importance accordée à la musique se
retrouva à son paroxysme dans Suspiria. Tout comme ce dernier film, la bande
son de Shining, est particulièrement ambitieuse puisqu'elle réunit pour un même
film, six compositeurs de grands génies: Bartok et ses musiques pour cordes,
percussions et célestas dont le troisième mouvement lent est orchestré par
Karajan puis Ligetti que l'on trouvait déjà dans 2001. Stanley Kubrick leurs
adjoint aussi le romantisme du Dis Irae inspiré par le dernier mouvement des
" sabbats des sorcières" de la Symphonie Fantastique de Berlioz.
Cette musique servant notamment de prélude
au dérèglement passionné de tout les sens. En plus de ces grands
compositeurs, le réalisateur ajoute également des compositions avant gardiste
de Penderencky dont le travail sonore rejoint celui effectué par Kubrick dans
les plus grandes scènes de Shining ( Dany pédalant sur son véhicule le long
de couloirs entrecoupé de moquettes. ) et aussi de Wendy Carlos et Rachel
Elkind.
Cependant, revenons un peu sur l’utilisation de la musique de Bartok : qui loin d’être anecdotique montre l’étrange similitude du travail des deux hommes ( Kubrick / Bartok ), qui sont tout deux des architectes maniaques de la rigueur géométrique ; Bartok ayant même composé ce troisième mouvement, sous le signe du nombre d’or. Kubrick utilise celui ci pour des raisons presque uniquement structurelles. Une première fois, le troisième mouvement intervient à la suite d’un lancé de balle ; une autre fois marquant le passage au jour suivant. Il faut enfin signaler que les compositions de Bartok, ont beaucoup influencé les compositeurs de cinéma, en particulier « le Mandarin Merveilleux » qui contient des utilisations chromatiques possible au cinéma. L’utilisation de la bande musicale orchestré par Stanley Kubrick n’est, finalement, ni émotionnelle, ni anecdotique : dans un film composé exclusivement d’éléments mentaux, la musique représente l’élément mental absolu.
2
) Les sons :
A
coté des musiques utilisées pour le film ; une attention très grande est
accordée au son dans Shining. On peut d'ailleurs remarquer que ce film est le
seul de Stanley Kubrick n'utilisant pas de voix off, à l'exception de 2001 a
Space Oditty. Les voix : Celles si, ont un grand rôle à jouer dans
Shining que cela soit celle d'outre tombe des deux jumelles ou les différents
tons adoptés par Jack Nicholson. Sa voix initiale douce et pleine d'ironie se
transforme très vite en une voix "satanique" lors de l'épisode de la
batte pour enfin devenir de véritable hurlement ou beuglement lors de la
poursuite finale dans le labyrinthe. Ce qui permet à Stanley Kubrick d'imposé
la présence monstrueuse de Jack dans l'esprit des spectateurs. En effet : Lors
de cette poursuite, Jack est à la fois loin physiquement de Danny et en même
temps très proche psychologiquement de Danny mais aussi du spectateur. Enfin
Danny est lui-même un "sound-éditor". Il possède deux voix entièrement
différentes : l'une douce et normal pour un enfant de son âge, l'autre mécanique
et robotique de Tony. Ce dédoublement de voix peut faire penser à Regan de L'Exorciste,
mais montre surtout la capacité de Danny à "contrôler" en plus des
images, les sons. Capacité qui se révèle ensuite lorsqu'il déformera les
voix de ses parents grâce au shining.
Danny est aussi responsable d'un autre son intéressant du film qui reviendra par deux fois dans la fiction : le déplacement du tricycle de Danny sur le parquet de l'hôtel. Les sons des roues sur le sol ( grondements ) sont ponctués de nombreux silences ( les tapis. ). Cet effet sonore permet de faire monter une certaine tension chez le spectateur. Tension que provoque aussi les coups de cymbales à chaques intermèdes provoqués par les différents intertitres. La tension est à son comble lorsque parallèlement à la musique, Kubrick diffuse sur une autre piste les battements d'un cœur que l'on associe alors à ceux d'une force obscure et indicible représentée par l'hôtel. mais l'utilisation sonore la plus célèbre reste celle effectué sur la machine a écrire de Jack. Celle ci devient par la magie du traitement sonore, un engin de mort virtuel empruntant autant à la mitraillette ( Travail sans loisirs fait de Jack un triste sir. ) qu'au canon ( les coups des balles raisonnant sur le plan de la machine. ) et enfin à la guillotine ( Jack retirant une feuille de la machine. ).