La Bostella ( voir mon top )

 

"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient  tous les cœurs, où tous les vins coulaient."

 

Rimbaud - Une Saison En Enfer

 

La Bostella ou le retour en force de la qualité dans un cinéma français toujours aussi pauvre ( voir l’ultime merde qu’est le prochain Eric Rochant, qui a décidé subitement d’arrêter de faire des bon films ). La Bostella Le Film. C’est l’illustration visuelle parfaite de la chanson, d’où l’absence totale de la chanson… ne servant que pour le générique de fin.  C’est aussi une surprise étonnante autant pour les aficionados d’Edouard Baer que pour ceux qui n’ont jamais vu sa bel’gueule. On (re ?)découvre un mec qui veut toujours surprendre en faisant ce que l’on ne lui demande pas de faire. Edouard Baer n’est pas un comique, il Est !! La Bostella est un film sombre et festif…. Un film drôle et surtout déprimant…. Un film où le mot qui vient le plus souvent à la bouche est une bouteille de vin, où la vie est rythmée par des airs latinos mélancolique ou les sons d’une musique énervante et câline semblable au cri lointain de l’humaine douleur ne vaille pas une bouteille Ô combien profonde.

 

L’idée est simple, l’important dans la vie n’est pas le travail qu’on vous demande de faire, c’est avant tout de faire la fête. Ces moments de fêtes improvisés à la faveur d’un sentiment de réciprocité intellectuelle ( que cela veux-je dire ? ), où ce qui compte c’est l’instant. L’instant est le bonheur et ces instants nombreux sont les plus drôles du film. La déprime ne vient qu’en travaillant ou qu’en pensant au travail qu’ils doivent effectuer. Pourquoi travailler ? Dansons la Bostella  c’est tout !! Devant ce film décontracté filmé au caméscope on se trouve tout de même devant une sorte de manifeste déjà ébauché avec la grosse boule et le CDV. Ne travaillez pas : faite la fête !! Liez connaissance avec le monde qui vous entoure, embrassez votre voisin ou votre voisine, arrêtez de faire la gueule.  Comme un bon nombre de film actuellement dans le monde entier, le travail est mis sur la sellette et se retrouve debout face au fusil mitrailleur des réalisateurs, avec La Bostella on retrouve autant à ses côtés Fight  Club que The Big Lebowski ( et théoriquement : American Psycho… Mais là la meuf à un peu merder ).

 

Pourtant ne vous inquiétez pas, rien n’est martelé, Edouard Baer ne se prend pas la tête avec des messages débiles comme je viens de faire. Edouard Baer fait une sorte de journal intime en grande partie fictionnel, ou son personnage lunaire et décontracté se croise avec lui-même ou encore avec le personnage du film. Qui est qui ? A ce jeu, le spectateur ne pourra pas répondre. Rien ne prouve que Edouard Baer fait un journal intime : Edouard Baer n’Est pas !! Personne dans le public n’a jamais vu le vrai Edouard Baer, où tout le monde l’a vu. Depuis ses débuts Baer met en scène une vie.. La sienne ou celle qu’il a fantasmé. En faisant d’abord la fête dans les endroits branchouille de la capitale, puis sur Nova et enfin sur Canal + en créant le renouveau de la « pseudo-impertinance » Canal disparut depuis Histoire(s) de la télévision des Nuls. Edouard Baer est une sorte d’Andy Kauffman en beaucoup moins provocateur et agressif. Néanmoins, Edouard Baer ne veut surtout pas que l’on pense qu’il est juste un Seul produit Canal +,  incapable de faire autre chose que Le CDV.

 

La Bostella, montre qu’il sait faire du cinéma, l’image DV est d’une extraordinaire qualité, aidée par une photo qui pourrait sûrement rivaliser avec celle de Dancer In The Dark. Et Pour les potes d’Edouard Baer : le génial Maître Maurrisard, l’émouvant Jean Mi, la bombe sexuelle : Chloé entre 10 et 12 ( qui me fait penser à Chloé de 5 à 7 d’Agnès Varda… Coïncidence bien sur ) et surtout Francis et CHICO dé Brazil personnification humaine de La Bostella, l’icône du film.  Enfin tout ce beau monde quoi… qui m’inquiétait grandement pour leur passage sur grand écran, sont contrairement à ce que je pensais de VRAIS acteurs…. Ils sont exceptionnels d’émotions et comme dans un film de Depleschin, forment une troupe d’acteurs avant tout, liés par l’amitié et non par un quelconque objectif professionnel : là, est une grande force du film qui installe, alors d’emblée la connivence entre leurs personnages et le spectateur. Les personnages du film ne sont pas n’importe qui, ce sont des mecs qu’on rencontre en allant voir la bostella et avec lesquels on s’amuse lors d’une soirée. Leurs performances fait en fait oublier la présence d’un écran et nous donnent envie de faire la cour à Chloé ou nous donnent envie d’embrasser Chico qui nous prend ensuite,  tout à coup dans ses bras.

 

L'art est dans la rue, L'art est dans la rue, Il se remue, il contribue, Et moi, je sourie. Je sourie. Devant l’écran du cinématographe... Le cinéma me dépayse en me mêlant aux explosions d’une météorite, me dépayse en m’interposant entre Johnny Depp et Winona Rider ( s’il recommence rahh… reste avec ta Vanessa ), mais La Bostella… n’est pas du cinéma, c’est de la fête à l’état pur. La Bostella n’est en fait pas un film comme les autres… c’est un objet unique qui aurait peut être quelque lien avec L’An O1 mais en plus jouissif. C’est un film culte mais qui par le seul fait d’exister ne peut engendrer de descendance… une sorte de Ready made à la Duchamp. L’idée en est simple, mais il fallait le faire… c’est fait et n’est plus à faire.

 

Mais la bostella c’est avant tout la teuf !!!  Il est vrai que ce n’est pas la principale qualité que je glorifie de ma prose mais que voulez-vous…. Sous son aspect foutrac, le discours oisif et surréaliste de Baer m’excite plus qu’un simple film où le vin et la fête serai le sujet principal. Ce n’est pas un film glauque à la Bukowsky ni un film de Peckimpah. C’est un film surréaliste dans le sens où il donne envie de faire comme Breton et Aragon, en amenant une ou deux bouteilles de vin et discuter bruyamment sur font de Bostella dans une salle de cinéma bondé de monde ( Lire Nadja ). Investissons les grands supermarchés du cinéma et faisons en des lieux de fête et de création.

 

Enfin…Savez vous voyageur Pourquoi je sors de l'ombre Vous m'avez appelé Dansons la bostella C'est elle qui traverse  Tous les brouillards de Londres De Caracas, de chine et du Guatemala Il faut s'abandonner aux anges solitaires Sur de ne plus pouvoir tenir Debout  visage froid Buvez un verre de plus Et des larmes amères Vous laisseront Abreuvé de soif.    

La Bostella : le film

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